Read this post in English at the bottom of the page. Special thanks to Jessica March for the translation.
Lors d'une kermesse d'école, j'ai vu Marina maquiller les enfants qui, entre ses doigts, devenaient tigres, papillons, princesses... Elle m'a semblé passionnée. Au détour d'une conversation, j'apprends que peindre sur les gens, c'est son métier. Je lui demande comment elle est arrivée jusque là parce que je suis curieuse de connaître le parcours de ceux qui sourient. Et Marina sourit tout le temps. Elle prononce le mot autodidacte. "Ça m'intéresse que tu m'en dises plus", proposai-je. Les yeux de Marina plissent et sa bouche s'élargit. Mais on en reste là.
Un an et quelques péripéties plus tard, je l'aborde à nouveau. Je sais qu'elle fait de la photo, et je voudrais réunir plusieurs femmes qui osent montrer leur corps pour casser les clichés esthétiques des magazines (cf mon article #ImNoAngel). Ce projet n'aboutira pas... Toutes les idées ne parviennent pas forcément à maturité, mais d'autres germent, et l'on finit, après quelques timides conversations, par reparler de Bodypainting. Quelque chose me trotte dans la tête. Reste à oser. Je me jette à l'eau et propose à l'artiste une séance avec moi.
Il s'agit d'une expérience à double sens. En même temps qu'elle me raconte son parcours, afin que j'en fasse un article pour le blog, elle peint mon corps. Une partie de mon corps. Et pas n'importe laquelle. Les seins. Espace intime s'il en est. Espace bousculé, espace arraché, espace remodelé. Une peau, des formes, des sensations et une configuration à s'approprier, se ré-approprier.
Un défi pour chacune de nous. Marina accepte. Nous parvenons à fixer une date.
Le jour J, nous ne savons pas très bien où nous allons. Je branche le dictaphone tandis qu'elle dispose pinceaux et pots. Tourner autour, c'est ce qu'on fait avant que je parvienne à ôter mes vêtements et que dans le même temps, elle veuille bien répondre à mes questions.
Nous choisissons ensemble les couleurs qu'elle va utiliser. Pour le reste, c'est son inspiration qui va travailler.
Marina commence à parler et le malaise se dissipe. Penchée sur son travail, la pulpe de la main à peine appuyée sur mon corps pour soutenir son geste, elle commence à raconter son parcours. Un chemin atypique et caillouteux. Un chemin sur lequel elle a regardé les fleurs plutôt que les ornières.
Tout en scrutant son modèle, elle évoque son enfance et son parcours scolaire. Elle voue une vraie passion à l'école. Elle a soif d'apprendre et se sent malheureuse quand arrivent les vacances. Là-bas, elle a des interlocuteurs pour répondre à ses questions, pour nourrir sa curiosité.
Malheureusement, très jeune, elle est contrainte de quitter le cursus ordinaire malgré ses bons résultats. Elle travaille sur les marchés et dans un magasin. Elle est reçue à l'école des beaux arts qu'elle a préparée. Elle n'y mettra jamais les pieds. Quelqu'un a décidé pour elle qu'il en serait autrement. Un jour elle rencontre un garçon. Puis, dans la boutique en face de la sienne, un couple d'opticiens à qui elle donne un coup de main. Elle agence les vitrines, a le coup d'œil pour aider un client à choisir sa monture. Les propriétaires l'initient aux subtilités du métier jusqu'au jour où, ayant besoin d'embaucher, ils lui proposent le poste et la formation en alternance. Commence une collaboration fructueuse de plusieurs années. Marina s'épanouit dans son travail, a un enfant.
Lors d'une kermesse d'école, j'ai vu Marina maquiller les enfants qui, entre ses doigts, devenaient tigres, papillons, princesses... Elle m'a semblé passionnée. Au détour d'une conversation, j'apprends que peindre sur les gens, c'est son métier. Je lui demande comment elle est arrivée jusque là parce que je suis curieuse de connaître le parcours de ceux qui sourient. Et Marina sourit tout le temps. Elle prononce le mot autodidacte. "Ça m'intéresse que tu m'en dises plus", proposai-je. Les yeux de Marina plissent et sa bouche s'élargit. Mais on en reste là.
Un an et quelques péripéties plus tard, je l'aborde à nouveau. Je sais qu'elle fait de la photo, et je voudrais réunir plusieurs femmes qui osent montrer leur corps pour casser les clichés esthétiques des magazines (cf mon article #ImNoAngel). Ce projet n'aboutira pas... Toutes les idées ne parviennent pas forcément à maturité, mais d'autres germent, et l'on finit, après quelques timides conversations, par reparler de Bodypainting. Quelque chose me trotte dans la tête. Reste à oser. Je me jette à l'eau et propose à l'artiste une séance avec moi.
Il s'agit d'une expérience à double sens. En même temps qu'elle me raconte son parcours, afin que j'en fasse un article pour le blog, elle peint mon corps. Une partie de mon corps. Et pas n'importe laquelle. Les seins. Espace intime s'il en est. Espace bousculé, espace arraché, espace remodelé. Une peau, des formes, des sensations et une configuration à s'approprier, se ré-approprier.
Un défi pour chacune de nous. Marina accepte. Nous parvenons à fixer une date.
Le jour J, nous ne savons pas très bien où nous allons. Je branche le dictaphone tandis qu'elle dispose pinceaux et pots. Tourner autour, c'est ce qu'on fait avant que je parvienne à ôter mes vêtements et que dans le même temps, elle veuille bien répondre à mes questions.
Nous choisissons ensemble les couleurs qu'elle va utiliser. Pour le reste, c'est son inspiration qui va travailler.
Marina commence à parler et le malaise se dissipe. Penchée sur son travail, la pulpe de la main à peine appuyée sur mon corps pour soutenir son geste, elle commence à raconter son parcours. Un chemin atypique et caillouteux. Un chemin sur lequel elle a regardé les fleurs plutôt que les ornières.
Tout en scrutant son modèle, elle évoque son enfance et son parcours scolaire. Elle voue une vraie passion à l'école. Elle a soif d'apprendre et se sent malheureuse quand arrivent les vacances. Là-bas, elle a des interlocuteurs pour répondre à ses questions, pour nourrir sa curiosité.
Malheureusement, très jeune, elle est contrainte de quitter le cursus ordinaire malgré ses bons résultats. Elle travaille sur les marchés et dans un magasin. Elle est reçue à l'école des beaux arts qu'elle a préparée. Elle n'y mettra jamais les pieds. Quelqu'un a décidé pour elle qu'il en serait autrement. Un jour elle rencontre un garçon. Puis, dans la boutique en face de la sienne, un couple d'opticiens à qui elle donne un coup de main. Elle agence les vitrines, a le coup d'œil pour aider un client à choisir sa monture. Les propriétaires l'initient aux subtilités du métier jusqu'au jour où, ayant besoin d'embaucher, ils lui proposent le poste et la formation en alternance. Commence une collaboration fructueuse de plusieurs années. Marina s'épanouit dans son travail, a un enfant.
Alors que son mari quitte la région pour faire une
formation dans le milieu de l'animation sportive, Marina prend finalement une année sabbatique et décide de le
suivre. Elle passe ses diplômes d'animatrice et de directrice de
centre. Elle aime le sport et devient accompagnatrice de moyenne
montagne. Se perfectionne à skis. Elle laisse libre cours à sa
créativité pour dessiner les affiches et autres supports utiles dans le
cadre de l'animation. Elle se met à peindre.
Puis, un jour, elle rentre au bercail et reprend son activité d'opticienne avec plaisir. Elle se retrouve seule pour élever son enfant et continue d'aller de l'avant. Quand ses patrons décident de vendre pour des raisons de santé, elle est licenciée. Elle s'engage alors dans une association qui promeut l'art contemporain où elle côtoie des artistes (sculpteurs, plasticiens, stylistes...) qu'elle met en valeur grâce à des structures géantes le long du canal de Bourgogne. Elle obtient des responsabilités, devient chargée de communication. Pendant un an et demi elle découvre une vie différente avant de partir sur les routes pour un nouveau travail dans l'optique. Enfin, lorsqu'elle attend un nouvel enfant, elle décide de se poser pour l'élever. Elle peint, imprime, met sur toiles. Quelqu'un qui connaît son don la contacte : un artiste s'est désisté pour une exposition. On ne lui laisse quasiment pas le choix. Elle apporte ses productions. Elles sont toutes vendues. Pourtant, Marina se cherche encore. On lui propose un poste pour travailler sur l'art visuel avec des enfants en difficulté. Pendant quatre ans elle monte des spectacles avec et pour eux et c'est dans ces circonstances qu'elle découvre le face painting. C'est la révélation... Une autre manière de peindre. Depuis, elle n'a plus touché une toile :
Puis, un jour, elle rentre au bercail et reprend son activité d'opticienne avec plaisir. Elle se retrouve seule pour élever son enfant et continue d'aller de l'avant. Quand ses patrons décident de vendre pour des raisons de santé, elle est licenciée. Elle s'engage alors dans une association qui promeut l'art contemporain où elle côtoie des artistes (sculpteurs, plasticiens, stylistes...) qu'elle met en valeur grâce à des structures géantes le long du canal de Bourgogne. Elle obtient des responsabilités, devient chargée de communication. Pendant un an et demi elle découvre une vie différente avant de partir sur les routes pour un nouveau travail dans l'optique. Enfin, lorsqu'elle attend un nouvel enfant, elle décide de se poser pour l'élever. Elle peint, imprime, met sur toiles. Quelqu'un qui connaît son don la contacte : un artiste s'est désisté pour une exposition. On ne lui laisse quasiment pas le choix. Elle apporte ses productions. Elles sont toutes vendues. Pourtant, Marina se cherche encore. On lui propose un poste pour travailler sur l'art visuel avec des enfants en difficulté. Pendant quatre ans elle monte des spectacles avec et pour eux et c'est dans ces circonstances qu'elle découvre le face painting. C'est la révélation... Une autre manière de peindre. Depuis, elle n'a plus touché une toile :
"Il faut que ce soit vivant ! Tu n'es plus face à ta solitude ou à tes démons, tu es face à quelqu'un dans la création !"
Et elle explique se caler sur le rythme cardiaque de son sujet quand elle peint. Bien sûr, pour arriver là, elle a énormément lu et travaillé, cherché la meilleure qualité de peinture pour optimiser son travail et être à la hauteur de ses ambitions. Elle partage avec des professionnels du monde entier (ce mode d'expression est plus développé dans les pays anglo-saxons) et crée un groupe d'échange en France. Installée en tant qu'auto-entrepreneur, elle se déplace aussi bien à domicile pour décorer des ventres de femmes enceintes ou une tête que la chimiothérapie a privée de ses cheveux que dans les événements festifs où son activité a toujours un franc-succès. Marina sourit, écoute et aime ce qu'elle fait. Captivée par son sujet, elle a à cœur de sentir ce qui fera vraiment plaisir et de le donner. Elle choisit scrupuleusement ses produits et ses outils afin d'offrir le meilleur de son art.
Toutes les photos (c Tous droits réservés-article L111-1 et L123-1 du code de la propriété intellectuelle) sont publiées avec l'autorisation de Marina. Retrouvez plus d'informations et de photos sur la page facebook : www.facebook.com/TohuBohuHappyFacePainting ou en écrivant à l'adresse suivante : tohubohumaquillage@hotmail.fr
It was at a school
fair one day that I first saw Marina painting the faces of children who, thanks
to her talented brushstrokes, became tigers, butterflies, princesses...she
seemed passionate about her work. Whilst chatting, I discovered that she’d made
a career out of body painting. I asked her how she ended up doing what she does
today, because I’m always curious to find out more about those who smile. And
Marina is always smiling. She mentions the word self-taught. ‘I’d love to know more’, I hint. Marina’s eyes twinkle
and her mouth forms a wide smile. Although that’s as far as I got that day to
finding out more.
One year, and several
twists and turns later, our paths crossed again. I knew she also did
photography and I wanted to organise a group of women who were bold enough to
show their bodies to the world, to break free from the typical airbrushed
images of women we’re fed by the media (see my article #Iamnoangel). This
project never did come to much...not all ideas come to maturity, yet others
grow, and eventually, after several shy conversations, we returned to the
subject of body painting. An idea ran through my head. All I needed to do was take
the plunge. I threw caution to the wind and suggested we work together on a
project. A two-way experience. Whilst telling me about her personal journey so
I can feature her here on my blog, she could paint my body. A specific part of
my body. Not just any old part. My breasts. It doesn’t get much more intimate
than this. An area that has been prodded, torn, reformed. Skin, curves,
sensations and an opportunity to reclaim and take back control of my body. A
challenge for both of us. Marina agreed and we set a date. D-day. Neither of us
are quite sure how things will pan out. I start the dictaphone recording whilst
she arranges her pots and brushes. We both turn around as I summon my courage
to undress and she begins answering my questions.
We choose the colours
she will use together. As for the rest, she works from pure inspiration. Marina
starts talking and the uneasiness begins to fade. Focused on her work, the soft
flesh of her palm barely resting on my skin to support her hand, she tells me
about her story. A rather unusual and bumpy ride. A path whereby she chose to
see the roses rather than the thorns.
Continuing with her
handiwork, she reminisces about her childhood and her school days. She was a
very committed student, thirsty to learn, who dreaded the return of school
holidays. There, her teachers would answer her every question, and feed her
curiosity. Unfortunately, at a very young age, she was forced to abandon her
studies, despite her promising grades. She worked on market stalls and in a
shop. She was accepted into a School of Fine Arts, as she had planned, although
she never did set foot in its grounds/building. Fate had decided that this was
not to be her path in life. One day she met a boy. Then, she began to work for a
couple of opticians who owned the shop opposite where she worked. She dressed
shop windows, and had the eye to help clients select their frames. The owners
introduced her to the basics of the profession until one day, when they were
looking for a full-time member of staff, they offered her the job and training
as part of her vocational course. This was the start of several fruitful years
of collaboration. Marina’s career blossomed, and she gave birth to her first child.
When her husband
decided to move away from their hometown to pursue his studies in sports
science, Marina decided to go with him and take a year out from working. She
graduated from her animator degree. She liked sport and became a mountain
leader, working on her skiing. She embraced her creative flair and began
designing posters and other promotional materials for her work. She began to
paint. Then, one day, she returned to the fold and happily picked up where she
left at the opticians. She found herself having to raise her child alone yet
continued moving forward with her life. When her employers decided to sell the
business for health reasons, she was made redundant. She therefore decided to
get involved with an association promoting contemporary art where she worked
alongside other artistes (sculptors, ceramicists, designers), showcasing her
talent thanks to giant structures created and put into place along the Burgundy
canals. She was soon given more responsibility and became head of
communication. Over the next year and a half, she continued to work creatively
before deciding to relocate for a new job at another opticians. Finally, when
pregnant with her second child, she decided to settle down to raise her
new-born. She painted, created prints and even made canvases. Somebody who had
heard of her talent contacted her: an artist had pulled out of an exhibition
and they had no other options. She brought her paintings to the expo and sold
them all. However, Marina was still on the road to self-discovery. She was
offered a job that used visual arts to help children with learning
difficulties. Over the next four years, she helped put together performances
and through this she discovered face painting. It was a revelation...a totally
different means of painting. Since then, she hasn’t touched a single canvas.
“It needs to be living, breathing! You’re no longer facing your demons alone,
you’re opposite a real-life creation!”
As she explains, she
gradually slows into a steady heartbeat-like rhythm whilst she paints. Of
course, she has worked incredibly hard and is extremely knowledgeable on her
subject, only using the best quality paint to ensure the end result mirrors her
high standards. She shares her ideas and collaborates with other professionals
around the world and has created an exchange group in France. Thanks to her
self-employed status, one day she can be painting the growing tummy of a
mother-to-be or the head of a cancer victim who has lost their hair due to
chemotherapy. The next, she can be helping out with festivals where her art
form is always a big hit with crowds. Marina smiles, listens and loves what she
does. Captivated by her subject, she has the heart to discover what the person
in front of her truly desires and then makes it come to life. She selects her
products and tools carefully, always delivering her best.
Translated
by Jessica Rose March
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